Comprendre et accompagner le deuil
Le deuil est une expérience universelle et singulière à laquelle tout individu y sera un jour confronté. La confrontation à l’épreuve du deuil est l’une des expériences de la vie les plus douloureuses. Ce vécu intime et douloureux vient bouleverser toute notre existence, nos repères, nos désirs, nos rêves, nos espoirs et génère parfois des complications dans ce long chemin que l’on appelle « travail de deuil ».
Cet article a pour objet d’exposer les particularités liées au deuil allant d’une expérience normale de la vie jusqu’à l’allure pathologique du deuil. La pathologie du deuil constitue une réalité peu fréquente qu’il convient néanmoins de prévenir, via des indices avant coureur bien identifiables pour un psychologue clinicien spécialisé dans le deuil.
Qu'est-ce que le deuil ?
Le terme de deuil fait à la fois écho à la mort d’un être cher, à la période qui suit cet événement douloureux de la perte, aux rituels qui y sont associés ainsi qu’aux processus psychologique consécutif à la perte que l’on appelle « travail de deuil ».
Le deuil bien qu’il soit relié à la mort et à la perte d’un être cher, il peut également s’apparenter aux pertes non liées à la mort, tel qu’un divorce, une maladie chronique, des conflits et ruptures au sein de la famille, la perte d’un emploi, la fin d’une amitié et plus encore de situations qui nous font souffrir, nous font douter de nous, nous culpabilise et nous mène involontairement à une transformation psychique qui nécessite un « travail de deuil » plus ou moins long.
Le "travail de deuil" c'est quoi ?
« Ceci ne peut être vrai… Ce n’est pas possible… Comment cela s’est-il produit?… Pourquoi nous ?… Pourquoi moi?… Qu’est-ce que cette mort vient-elle m’apprendre?… Comment vais-je vivre maintenant?… ».
Plusieurs questionnements sans fin qui envahissent les pensées dès l’instant ou nous apprenons le décès d’un être cher.
Le processus de deuil est enclenché. Il va être marqué par trois grandes étapes :
- le choc
- la phase dite dépressive, et
- la période de rétablissement.
Toutes les étapes exposées précédemment sont des mécanismes de protection du psychisme qui empêche le personne en deuil d’être submergée par sa souffrance.
L’état dépressif réactionnel à la perte est une période marquée par une symptomatologie dépressive accompagnée de pleurs, de la réduction de l’élan vital, du ralentissement du cours de la pensée, des troubles de la mémoire, de la passivité, voir même parfois de l’apathie, une perte de la capacité à ressentir du plaisir, une perte de l’initiative, la présence d’affects anxieux ainsi que la présence des perturbations physiologiques tels que la perte d’appétit, les troubles du sommeil et la baisse du désir sexuel.
« On ne guérit d’une souffrance qu’à condition de l’éprouver pleinement ».
Marcel Proust
La période de rétablissement est caractérisée comme étant l’étape ultime du travail de deuil durant laquelle la personne peut parler du défunt sans pleurer et sans ressentir une profonde souffrance qui l’envahi. Cette la période où le sujet s’autorise à reprendre plaisir à vivre, à démarrer de nouveau projets, sans culpabiliser.
Les étapes énumérées ci-dessus reflète le travail de deuil dit normal. Lors d’un processus de deuil on peut parfois distinguer de deuils dits compliqués, ou l’accomplissement du deuil est entravé et a des conséquences négatives sur le fonctionnement psychique, physique et social de l’endeuillé; et les deuils dits pathologiques qui débouchent sur une maladie psychiatrique et/ ou somatique.
Dans tout deuil, qu’il soit normal, compliqué ou pathologique, un traitement médicamenteux peut-être nécessaire, voir fortement recommandé afin que le travail thérapeutique puisse se faire.
« Le deuil, c’est pour la vie. Ca ne s’en va jamais, ça fait progressivement partie de vous, à chaque pas, à chaque souffle »
Jandy Nelson
Le travail de deuil prend « fin » lorsque la personne endeuillée aura désinvestit psychiquement toute situation et souvenirs anciens en lien avec le défunt, les aura désinvestis et sera prêt à réinvestir une nouvelle réalité sans la présence de l’être cher.
Chaque deuil est unique dans le sens ou son processus dépend de la personnalité de chacun et de la relation entretenue avec le disparu.
Quand est-il nécessaire de consulter un psychologue ?
Toute personne traversant un deuil peut à tout moment éprouver le besoin de s’adresser à un psychologue auquel il va pouvoir extérioriser sa souffrance, sa peine, ses bons et mauvais souvenirs, ses difficultés au quotidien à trouver du sens après la perte.
La cadre de psychothérapie permet d’assurer un accompagnement au cours duquel la personne endeuillée na revenir sur son histoire perosnnelle, sur la nature de la relation avec le défunt et sur les difficultés auxquelles il doit faire face au quotidien tout en gérant la présence de l’absence et de la solitude.
« Parler de ses peines, c'est déjà se consoler »
Albert Camus
Pour conclure, la perte d’un être cher est un événement singulier, unique et douloureux de l’existence. Une étape de la vie qui prend un temps qui ne peut être prédéfini. Un mieux-être peut être possible à l’issue d’un travail thérapeutique. Le psychologue avec sa disponibilité, son écoute attentive, sa neutralité bienveillante et ses techniques, va permettre au sujet endeuillé à remettre du sens dans cette terrible épreuve, à faire appel à ses ressources personnelles et à la richesse de son entourage.
« Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis »
Victor Hugo
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